La confiance ne se décrète pas …
Tous les articles sur le leadership, le management, la « qualité de vie au travail », mettent en avant la nécessité d’établir des relations de confiance au travail. Pour ma part, quand quelqu’un que je connais peu me dit « faites-moi confiance », mon cerveau m’envoie instantanément l’image du serpent Kaa dans « Le Livre de la Jungle » de Disney… « Aies confiance » siffle-t-il … Mais la confiance ne se décrète pas, et quelle que soit votre nature, optimiste ou pessimiste, vous avez forcément un jour travaillé avec quelqu’un qui vous a dit « Oui, oui, je vais le faire », et qui n’a jamais fait la chose en question … Vous aussi d’ailleurs, sans doute avez-vous dans votre boite mail plusieurs courriers auxquels vous avez promis de répondre, plusieurs amis à qui vous avez dit que vous les rappelleriez bientôt, plusieurs documents « presque terminés » que quelqu’un attend (ou pas …)
Si la confiance ne tombe pas du ciel, alors comment la créer (ou la recréer) ?
Faut-il vraiment être toujours exemplaire ? et d’ailleurs être exemplaire veut-il dire être parfait ? Où est ce fameux droit à l’erreur (et le droit à l’oubli !) dont on nous parle beaucoup ces derniers temps ? Peut-on avoir confiance dans quelqu’un qui oublie et qui fait des erreurs ?
En usant de quelques jeux de mots et de lettres, on peut transformer « confiance » en « con (avec) »- « fiance (se fiancer : faire alliance) »… Donc la confiance, c’est une question d’alliance : faire alliance avec Soi pour la confiance en Soi, faire alliance avec mon interlocuteur, pour créer un climat de confiance entre nous. Et une alliance, c’est un pacte, un contrat que l’on conclue avec son interlocuteur en mettant « cartes sur table ». Dès que votre interlocuteur sentira que le contrat est flou, dès qu’il aura un doute sur un des points, alors ses « antennes » vont l’alerter et le rendre méfiant. Bien sûr, vous pouvez compter sur votre « tchache » et votre « bagou » pour le mettre dans votre poche, mais tout le monde sait que ça marche un peu, une fois, trois fois, dix fois, mais quand vous travaillez durablement avec quelqu’un, cette technique vous décrédibilise à tous les coups sur le long terme !
Alors, que faut-il dire pour inspirer confiance ?
Créer la confiance, c’est créer des relations « gagnant-gagnant ». En Analyse Transactionnelle, dans le concept des Scenario de Vie, on appelle cela une relation « OK+/OK+ », où chacun peut donner sans crainte de « trahison » le meilleur de lui-même. Parce que le pari de la confiance, c’est celui-ci : si j’ai confiance en moi et confiance en l’autre, alors je me sens en sécurité. Et quand je suis en sécurité, je peux OSER … Sans relation de confiance, il n’y a pas de possibilité de « oser dire », « oser faire », pas d’innovation, pas de proposition constructive …
Créer des relations « ok+/ok+ » autour de soi, cela s’appelle aussi « être assertif », ou « être affirmé ». Et pour cela, il faut quelques ingrédients :
D’abord, « oser dire les choses », ne pas les garder pour soi, ou les dire à un autre … savoir exprimer ses ressentis, son désaccord, son opinion, en face à face, sans agressivité, sans culpabilité. Oser « dire les choses », mais dire quoi ?
Pour être « assertif », il faut savoir dire :
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- « Qui vous êtes » : quelle est votre légitimité sur le sujet abordé, quelle est votre autorité si nécessaire, quelle est votre expertise. Ce n’est pas important de dire si vous êtes expert ou novice, manager ou seulement collègue : ce qui est important, c’est de vous situer dans la relation à l’autre et de permettre à l’autre de vous situer.
- « Ce que vous voulez » : C’est idiot, mais très souvent, dans la communication, on échange sans nommer ce que l’on veut, quel est le but de l’échange, demande-t-on une action, une réflexion, un point de vue, une opinion, un conseil, une oreille silencieuse, un hochement de tête compatissant ? Alors évidemment, votre interlocuteur a des chances de se demander « qu’est-ce qu’il me veut ? » ou alors d’interpréter vos propos et de leur donner une intention toute autre que la vôtre !
- « Ce que vous ressentez » : eh oui, 80% de la communication étant non verbale, votre interlocuteur « voit » ou « entend » dans votre voix, que vous êtes en colère, ou un peu énervé, ou hésitant … Pourquoi ne pas le lui dire au lieu d’essayer de lui faire croire que vous êtes sûr de vous et parfaitement calme ? Vous serez beaucoup plus crédible, puisque vous n’êtes pas en train de dire le contraire de ce que vous montrez, et l’authenticité génère plus de confiance que de belles paroles !
- « Ce que vous pensez » : Tout comme les ressentis, lorsque vous pensez très fort que votre interlocuteur est un idiot et un incompétent, je peux vous garantir que cela transparait de manière inconsciente dans vos propos 😉 Vous avez donc deux solutions : lui dire ce que vous pensez de lui, ou réviser votre jugement 😉 Eventuellement, quelques formations sur la communication bienveillante peuvent vous aider !
- « Ce que vous savez » : ce qui nuit à la confiance, ce sont les implicites, les non-dits, les informations manquantes qui laissent des zones de flou. Pensez à commencer votre prise de parole par une petite remise en contexte de la situation. Votre interlocuteur n’a pas vécu la même chose que vous, il n’est pas dans votre cerveau, il n’a pas le même décodeur… Utilisez la communication factuelle pour partir tous les deux des mêmes faits et partager la même histoire originelle.
En conclusion
La confiance est un chemin, qui se construit progressivement, par des attitudes de transparence, de cohérence (entre ses propos, ses attitudes, ses actes).
« Je dis ce que je fais, je fais ce que je dis », est un bon début !
Le sujet vous a intéressé : nous vous proposons aussi tester votre niveau d’assertivité dans les relations avec vos collaborateurs, (auto-diagnostic à restitution immédiate)