Les nouvelles organisations non hiérarchiques proposent des équilibres précaires !
« Libérons le pouvoir des salariés »… ou pas …
Le mot liberté est sur toutes les lèvres dans le petit monde du management. Pourquoi pas. Il est vrai que dans les grandes entreprises comme nous en avons beaucoup en France, le « poids » de la hiérarchie et des structures est énorme, et donne l’impression que le salarié est « terrassé » par cette organisation qui l’empêche de donner tout son potentiel.
Le monde économique est devenu plus agile, souple, hyper-réactif, avec des nouvelles technologies toujours plus inventives et innovantes, « disruptives ». Le monde économique, oui, mais les organisations ? et surtout, les individus dans les organisations ? Sommes nous nous-mêmes plus souples et plus agiles dans nos comportements et nos relations ?
Le monde industriel a besoin de rigueur. Quand votre entreprise compte plusieurs milliers de salariés, promouvoir la « liberté » est parfois antinomique avec le fait de garantir un fonctionnement le plus efficace possible, et la maîtrise des coûts. Je ne dis pas que c’est impossible, je dis que c’est un changement de paradigme fort, et que celui ou celle qui s’engage dans cette voie doit avoir une certaine foi (sans parler de cette fameuse « vision » dont tout le monde parle aussi).
En janvier, aux voeux de l’Eurométropole de Strasbourg, Isabelle Kocher, Directeur Général du Groupe ENGIE, décrivait la transformation nécessaire du groupe, comme la nécessité de se rapprocher d’un modèle ressemblant à un banc de poissons. Elle citait aussi Louis Gerstner, qui, à partir de 1993, a mené la transformation d’IBM (Big Blue) et la compare au fait d’avoir réussi à « faire danser un éléphant » (cf son livre « J’ai fait danser un éléphant »).
Les métaphores ne manquent pas. A Alcatel, il y a quelques années, on parlait de paquebot et de hors-bord. Dans les conférences sur l’innovation collaborative, on vous parle de fourmis ou d’abeilles, qui s’auto-organisent et co-construisent des systèmes complexes impressionnants.
Savez-vous quelle est la différence majeure entre une colonie de fourmis ou un essaim d’abeilles et une grosse entreprise ? Les fourmis n’ont jamais vu « Fourmiz » au cinéma, et les abeilles n’ont pas été fascinées, enfants, par « Maya l’abeille » … Nos cultures européennes, ou américaines, prônent l’unicité, la quête de notre identité profonde, le mythe du héros (voire de temps en temps une héroïne …) qui sauve le monde. Alors introduire dans les organisations une pensée profondément collective, même au niveau d’un service, où chacun devrait se penser comme un maillon d’un tout, où chacun devrait à la fois se respecter (sinon il y a fusion), et contribuer à quelque chose de « plus grand que lui », voilà ce qui est pour moi le changement fondamental à mener …
Autonomie, Responsabilité et Maîtrise de Soi
Au lieu du mot liberté, je mettrai en avant trois qualités qu’il faut développer chez chacun des individus d’une entreprise, petite ou grande, afin de les développer aussi au niveau du collectif :
- l’Autonomie, c’est à dire la capacité à réaliser seul certaines tâches. Autonomie rime avec développement des compétences, pluridisciplinarité, polyvalence, formations …
- la Responsabilité (et non la culpabilité …), c’est à dire le respect de ses engagements et de ses décisions, affirmés, communiqués et assumés sans peur…
- la « Maîtrise de Soi », c’est à dire la capacité à gérer son égo, ses frustrations, à revisiter ses « croyances », à désapprendre et réapprendre, à développer de l’agilité et de la résilience …
En avril 2016, j’ai suivi le MOOC sur les entreprises libérées, et en tout premier lieu, dans le processus de « libération », on trouve … la connaissance de Soi. Alors, effectivement, en misant sur le développement de la « sagesse » des individus, je pense que le pari de redonner de la souplesse, de l’intelligence collective, de la joie est un pari gagnable !
Et vous, qu’en pensez-vous ? On en parle ensemble ?